Press Releases Discours du président António Costa à l’occasion du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe

Discours du président António Costa à l’occasion du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe

Cela fait aujourd’hui 80 ans que les armes se sont tues à travers l’Europe, mettant fin à une guerre qui a meurtri notre continent, coûté la vie à des dizaines de millions de personnes et laissé des nations entières en ruines.

Aux anciens combattants parmi nous: vous êtes les témoins vivants à la fois des horreurs de la guerre et de la résilience de l’esprit humain. Nous vous rendons hommage à votre sacrifice, à votre courage, et à votre engagement sans faille en faveur de la paix.

Nous nous souvenons également de l’effort pour la reconstruction ainsi que de la volonté profondément ancrée des populations européennes de dire: “plus jamais ça”.

Une vision audacieuse est née des cendres de la guerre. Une vision consistant non seulement à reconstruire l’Europe, mais aussi à la transformer fondamentalement. Cette vision est devenue l’Union Européenne, l’un des projets de paix les plus réussis de l’histoire de l’humanité.

Les ennemis d’hier sont devenus des partenaires. Les frontières, jadis tracées dans le sang, sont devenues des ponts. Mais la mémoire seule ne suffit pas. Elle doit devenir une mission. Si nous devons tirer un enseignement de l’histoire, c’est que la paix ne doit jamais être considérée comme acquise. La paix n’est jamais permanente.

Aujourd’hui, en ce qui devrait être un jour de paix, hélas nous ne pouvons pas célébrer la paix en paix, parce que la guerre a fait son retour en Europe à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Une guerre menée contre une nation souveraine et qui constitue une attaque frontale contre les règles du droit international. Une attaque contre l’ordre international qui résiste aux menaces depuis la Deuxième Guerre mondiale. C’est pourquoi l’Union européenne soutient fermement l’Ukraine depuis le premier jour. Non seulement dans son droit de se défendre, mais aussi dans son droit à un avenir exempt de peur.

Un avenir de paix. Une paix qui ne se résume pas à un cessez-le-feu. Une paix qui ne prend pas la forme d’une pause entre deux offensives. Mais une paix véritable qui doit être juste et durable. Et elle doit reposer sur les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, et sur le droit international.

Excellences, cette guerre a déjà transformé l’Europe et nous ne pouvons pas revenir en arrière.

Premièrement, elle a permis un renforcement de notre politique de défense commune, sous la forme non pas d’un retour au militarisme, mais d’une dissuasion face à de futures agressions.

Une Europe de la défense véritablement intégrée ne doit plus être un rêve lointain. Elle doit faire partie de notre réalité actuelle. Ce qu’il n’a pas été possible il y a 80 ans, il faut faire en sorte que cela soit possible, il est même nécessaire de faire en sorte que cela soit possible.

Deuxièmement, elle nous a permis, États membres et partenaires, de nous rapprocher, comme en témoignent la coopération étroite que nous continuons d’avoir avec le Royaume-Uni, la Norvège, l’Islande ou la Turquie.

Plus que jamais, nous sommes unis.

Troisièmement, cette guerre a permis d’accélérer l’élargissement à l’Ukraine, à la Moldavie et aux Balkans occidentaux, ce qui constitue le meilleur investissement géopolitique que l’Union européenne puisse faire en vue d’une Europe plus forte, plus sûre et plus démocratique.

Défendre l’Union européenne en faisant preuve d’unité, de volonté et de courage est le seul moyen d’honorer ceux qui ont péri en défendant la démocratie et la liberté voilà 80 ans. Une Union qui n’a pas été bâtie comme un mémorial, mais comme une gardienne de la paix future.

Une paix qui ne se résume pas à l’absence de guerre. Une paix associée à la justice, à la coopération, à la résilience démocratique et au respect mutuel. Une paix qui se construit au quotidien, par le dialogue, des institutions communes et la volonté de voir notre humanité triompher de nos divisions.

Faisons donc en sorte que cette cérémonie ne soit pas seulement une commémoration, mais un véritable appel à l’action. Un appel à renouveler notre engagement à renforcer notre Union et à protéger ce qui a été si durement acquis et qui pourrait être si facilement perdu.

À nos anciens combattants: merci, merci beaucoup pour votre courage, les services que vous avez rendus, votre dévouement à la liberté.

Et à tous nos concitoyens européens: n’oublions jamais que la paix est notre héritage, mais qu’elle relève aussi de notre responsabilité.

Célébrons ceux qui ont combattu pour la liberté à l’époque.

Faisons preuve de solidarité avec ceux qui luttent pour la défendre aujourd’hui.

Et permettez-moi de revenir sur les mots d’un grand européen qui a été Winston Churchill – “Long live the cause of freedom !”.

 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Top